Trois films en costumes

Dans la section des « mots qui se regardent », je voudrais vous présenter de trios de films sur des thèmes communs. Ce premier article est tout simplement inspiré par le dernier film que j’ai vu. Il sera aussi question d’un film assez récent mais probablement passé inaperçu, et pour finir d’un de mes films préférés de tous les temps, les trois se déroulant au XIXe siècle.

 

· Ma cousine Rachel, de Roger Michell (2017)

Lorsqu’Ambroise, parti en Italie pour sa santé, épouse une veuve rencontrée là-bas puis meurt dans des circonstances mystérieuses, son cousin Philip est persuadé de la culpabilité de cette femme, Rachel. Déterminé à se venger, il l’accueille chez lui. Peu à peu, une relation trouble s’installe…

Ce film tout juste sorti au cinéma est une adaptation de l’histoire éponyme de Daphné du Maurier. J’aurais aimé pouvoir donner quelques éléments de comparaison, mais je ne l’ai pas (encore) lue. Le film montre en tout cas parfaitement l’ambiguïté des sentiments entre les deux protagonistes et laisse planer tout le mystère. Si au début nous suivons plutôt le personnage de Philip, celui de Rachel se dévoile juste assez pour nous faire comprendre que la vérité est plus complexe qu’il n’y paraît. Dans ce rôle, Rachel Weisz m’a semblé parfaite, tour à tour suspecte puis innocente, frêle puis forte.

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Source : Imdb

· Emily Dickinson, A Quiet Passion, de Terence Davies (2017)

Voilà un film assez classique en apparence, qui évoque la vie de la poétesse américaine Emily Dickinson, de son adolescence à sa mort. Un film (très) lent et assez contemplatif, rythmé par les poèmes lus par l’interprète de l’artiste, tout en sobriété et en douceur. On découvre un personnage à l’image du sous-titre du film (« a quiet passion », soit « une passion réservée ») : calme à l’extérieur, mais bouillonnante d’idées, d’observations et de poésie à l’intérieur. Les dialogues, en particulier, sont un régal : absolument pas pédants, ils sont vifs, incisifs, et drôles car les personnages ne manquent jamais une occasion de pointer les attitudes de leurs contemporains.

C’est une histoire finalement très émouvante et universelle qui nous est racontée, celle d’une femme qui ne se sent jamais tout à fait dans son temps ni à sa place, et qui aspire à une vie à la fois plus simple, plus spirituelle et plus vraie.

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Source : Imdb

· Bright Star, de Jane Campion (2009)

Je ne pouvais pas écrire un tel article sans parler de Bright Star, un de mes films préférés.

C’est aussi une évocation de la vie d’un poète du XIXe siècle, John Keats, et de son amour pour Fanny Brawne. Ce qui me plaît tant dans ce film, c’est la grande tendresse qui s’en dégage, sans tomber dans la mièvrerie.

On suit le personnage de Fanny, une jeune femme qui, de son propre aveu, connaît peu la poésie. Elle est cependant touchée par les vers de cet homme qui habite à côté de chez elle. De leur rencontre naît un amour très pur, contrarié par les engagements du poète, puis par sa santé. A ses côtés, Fanny apprend à regarder le monde d’un œil nouveau, et prête attention aux choses éphémères qui regorgent de beauté.

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Source : Allociné

Comme les autres films que je vous conseille, Bright Star est servi par des acteurs parfaits, Abbie Cornish et Ben Whishaw dont la voix rêveuse se prête bien à la poésie parfois mélancolique de Keats.

 

La reconstitution historique est, dans chaque cas, précise, sans prendre le pas sur le reste. Chaque film développe sa propre esthétique : presque gothique pour Ma Cousine Rachel, avec des intérieurs sombres et des éclairages à la bougie ; plus minimaliste dans le Massachusetts puritain d’Emily Dickinson ; lumineuse chez Jane Campion qui compose ses plans comme des aquarelles.

 

Aparté : c’est à Emily Dickinson que l’on doit le poème « The Heart Asks Pleasure First », dont le titre est devenu celui du sublime thème principal du film de Jane Campion, La Leçon de Piano.

 


 

3 XIXth-century costume dramas

In this section, I would like to present trios of films on similar topics. This first article is simply inspired by the last movie I saw at the cinema. It will also be about a quite recent but probably little-known film, and last but not least, one of my favourite movies ever, all three taking place in the XIXth century.

 

· My Cousin Rachel, by Roger Michell (2017)

When Ambrose, gone to Italy for his health, marries a widow he has met there before dying in mysterious circumstances, his cousin Philip is convinced that this woman, Rachel, is guilty. Seeking revenge, he welcomes her in his home. An unsettling relationship starts to form between them…

This movie just came out in France. It is adapted from the eponymous story by Daphné du Maurier. I wish I could have given a few elements of comparison between the two, but I have not (yet) read it. At any rate, the movie illustrates perfectly the ambiguity of feelings between the protagonists and surrounds them in an aura of mystery. If, at the beginning, the focus is on Philip, Rachel’s character is unveiled just enough to make us understand that reality is more complex than it seems. In this role, Rachel Weisz seemed perfect to me, alternately guilty or innocent, frail or strong.

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Source: Imdb

· Emily Dickinson: A Quiet Passion, by Terence Davies (2016)

Here is a movie seemingly classical, dealing with the life of the American poet Emily Dickinson, from her teenage years to her death. A rather (very) slow and contemplative film, punctuated by the poems read by the actress playing the artist, all in softness and sobriety. The viewer discovers a character like the title suggests: calm on the outside, but brimming with ideas, observations and poetry on the inside. The dialogues are particularly enjoyable: far from being pedantic, they are lively, sharp and funny when the characters point the attitude of their peers.

Eventually, A Quiet Passion is the very moving and universal story of a woman who never felt she fitted her time and place, and who aspired to a simpler, more spiritual and truer life.

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Source: Imdb

· Bright Star, by Jane Campion (2009)

I could not write such an article without mentioning Bright Star, one of my favourite movies. It is also an evocation of a XIXth-century poet, John Keats and his love for Fanny Brawne. What I love about this film is its great tenderness, without any mawkishness.

We follow Fanny, a young woman who admits she knows little about poetry. However, she is touched by the verses written by her neighbour. From their meeting, a very pure love is born, although thwarted by the poet’s engagements and later by his health. By his side, Fanny learns to look at the world with a fresh eye, paying attention to the most ephemeral things which are so full of beauty.

 

As with the other movies I encourage you to watch, Bright Star is played by perfect actors, here Abbie Cornish and Ben Whishaw, whose dreamy voice suits wonderfully Keats’ sometimes melancholy poetry.

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Source: Allociné

In each case, the historical reconstruction is precise without taking precedence over the rest. Each film develops its own aesthetic: almost Gothic in My Cousin Rachel, with its darks interiors and candle-lit scenes; more minimalistic in Emily Dickinson’s puritan Massachusetts; luminous for Jane Campion who paints each scene like a watercolour.

 

Aside: Emily Dickinson was the author of “The Heart Asks Pleasure First”, which gave its title to the gorgeous main theme for Jane Campion’s The Piano Lesson.

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